Pas de Voile à l’Ecole. Lutte Ouvrière

« le voile n’est pas une quelconque tenue vestimentaire, même religieuse, mais un signe porté par les femmes et non par les hommes, un signe discriminatoire par son essence même » LO

Loi sur les Signes Religieux « Ostensibles »

« Loi n° 2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » in Legifrance.gouv.fr – « Il est inséré, dans le code de l’éducation, après l’article L. 141-5, un article L. 141-5-1 ainsi rédigé : « Art. L. 141-5-1. – Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Le règlement intérieur rappelle que la mise en oeuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. »  »

  • Mais, les petits signes religieux discrets sont autorisés.

Réponse de Nathalie Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière aux élections présidentielles, à la lettre du CMTE


Voiles islamiques, marché Manosque 26.2.11 © PhI

Voiles islamiques, marché Manosque 26.2.11 © PhI


« Pantin, le 12 avril 2012

au Collectif MTE

Mesdames,

J’ai bien reçu votre courrier portant sur la question de la loi sur le voile à l’école.

Dans cette lettre vous commencez par affirmer que depuis la loi de 2004 sur le voile, les exclusions se sont multipliées dans les écoles. Etant moi-même enseignante, je ne peux que constater que cette affirmation n’est pas exacte. Au contraire, même pourrait-on dire, depuis la loi, les jeunes filles viennent à l’école tout à fait normalement sans affrontements inutiles. La loi, loin d’exclure les jeunes filles, permet à toutes de venir à l’école, et à celles qui ne veulent pas porter le voile de garder cet espace de liberté.

Dans cette lettre vous posez la question des rapports entre l’école et les mères de familles portant un voile. Vous réclamez, au nom de l’égalité, la possibilité pour ces mères d’accompagner les sorties scolaires tout en gardant leur voile.

Nous mêmes faisons partie d’un courant qui a toujours combattu pour l’égalité entre toutes les femmes et les hommes. Ce combat ne date pas d’aujourd’hui. Mais nous ne pouvons nous empêcher de constater que les femmes ont toujours dû combattre les religions, toutes les religions pour obtenir leur égalité. Toutes les religions imposent une vision inégalitaire des hommes et des femmes. Elles ont toujours défendu une vision de la société où les femmes n’ont pas la même place que les hommes.

Quel que soit le respect dû aux conceptions religieuses des uns et des autres, là n’est pas la question, nous ne pouvons que constater aussi que le voile n’est pas une quelconque tenue vestimentaire, même religieuse, mais un signe porté par les femmes et non par les hommes, un signe discriminatoire par son essence même. Que des femmes veuillent le porter est une chose, que ce fait discriminatoire soit reconnu par la société en est une autre. Nous ne savons que trop bien, à quel point il est difficile pour les filles, surtout jeunes de résister aux conceptions dogmatiques des religions.

Ce n’est ni au nom de la laïcité, ni au nom du combat contre les religions que nous critiquons votre démarche, mais au nom du combat des femmes pour leur émancipation. Celle-ci ne passe pas par l’autorisation de porter le voile dans des structures publiques, mais au contraire par l’autorisation de ne pas le porter, pour celles qui le souhaitent. Et nous savons à quel point le moindre recul dans ce domaine peut être utilisé par ceux qui cherchent à imposer de force leurs conceptions.

Nous n’avons rien contre les femmes qui portent le foulard, mais qu’elles en soient conscientes ou non, le porter n’est jamais un libre choix, mais toujours le fruit d’une pression sociale et politique, exercée dans la famille, le quartier ou à la sortie des écoles. Aussi notre solidarité va avant tout aux femmes et aux jeunes filles qui ont le courage de résister à ces pressions, à celles qui veulent mener leur vie librement, à visage découvert et qui voient leur espace de liberté se rétrécir.

L’expérience, y compris dans le domaine scolaire, nous pousse à croire au contraire qu’il est tout à fait possible aux mères de familles de suivre la scolarité de leurs enfants, d’établir un dialogue privilégié avec les enseignants et les écoles, sans mener ce combat pour le voile qui a bien d’autres sens.

Quant à l’accusation d’islamophobie à propos de cette question, elle montre justement que le débat est tronqué et porte sur bien d’autres aspects que ceux mis en avant. On ne combat pas des idées réactionnaires comme le racisme on se mettant à la remorque d’autres idées réactionnaires.

Evidemment, nous condamnons vivement la démagogie xénophobe et anti-immigré de Sarkozy, Guéant ou Le Pen. Désigner les travailleurs immigrés et musulmans comme responsables de tous les maux de la société, vise à diviser et à affaiblir la classe ouvrière. Nous sommes internationalistes, et nous considérons que les vraies frontières sont sociales, les travailleurs, quels que soient leur origine, leur nationalité, leur religion ou leur sexe ont des intérêts communs à défendre.

Il est tout à fait juste de dénoncer la campagne raciste actuelle visant en particulier les travailleurs immigrés et leurs familles majoritairement musulmans. Combattre le racisme est fondamental. Mais utiliser ce combat pour avancer sur d’autres terrains est une dérive qui nuit à la lutte pour l’égalité de tous.

Cordialement, Nathalie Arthaud [candidate de Lutte Ouvrière à l’élection présidentielle] »




création, 12.4.12 (publié également sur Laicite.fr Midi, page publique sur Facebook, et sur Google +)